Poèmes courts

L'INVENTAIRE DES VOYAGEUSES
DANS UN WAGON DE METRO

Trop poilue la perchée. Trop molle celle d'à côté
Trop chevaline celle d'en face
Trop mordue celle qui rentre
Trop lisse celle proche de la sortie
Trop chargée celle à la transversale
Trop monté ce désert à travers ces peaux qui laisse chacune une trace
dans cette aire qui m'accueille le temps d'un passage
à travers ce désert sans voyage, déserté de tout vent
dans ce corps usure
ce corps azur à l'approche de ma vue
/
dans ce passage où passera une patience
et où un front s'épongera un front sœur

PORTRAIT

Si je devenais gros, je grossirais aussi les arbres
les immeubles, les voitures, les orbites
les gobelets, les œufs
Je grossirais les yeux des autres pour qu'ils puissent me voir gros
J'écraserais les os dans les eaux des reptiles
et les mettrais dans un œuf sans coquille que je goberais
pour devenir encore plus gros dans tes yeux
les déborder
nouer chaque jour le bout de ma phrase avec un nouveau lacet
près d'un arbre
au pied d'un chien trépassé
et tomber
dans un visage
sans face


Des meutes s'échapperont de tes phalanges jusqu'à la nausée

©Seyhmus Dagtekin

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